vendredi 6 décembre 2013

Roman Dorléan, auteur de Palito de Coco, ne récolte pas les fruits de son succès en République dominicaine

Dans le langage vernaculaire haïtien, on dit souvent que « vwazinaj se fanmi ». Pourtant, certains voisins ne voient que leurs intérêts personnels. Et quand ceux-ci sont menacés ou lésés « vwazinaj pa fanmi », le voisin devient automatiquement ennemi puisqu’on l’empêche de manger à satiété. Le pont commercial entre Haïti et le « vecino » a été coupé, ce qui provoque un chantage qui semble aussi affecter tous les Haïtiens de l’autre côté de la frontière.

Le vendeur de rue haïtien et créateur du jingle
Palito de coco, Roman Dorléan, se trouve aujourd’hui dans l’œil d’un tourbillon en République dominicaine. Son manager, Oliver Peña, l’a abandonné après toutes les promesses de contrats qu’il eut faites au ressortissant haïtien dont la popularité a transcendé les océans avec sa création musicale. Un jingle est une courte musique utilisée pour supporter une publicité autour d’un produit offert aux consommateurs. C est aussi un thème musical qui sert à introduire une émission à la radio et à la télévision. 

L’auteur de Palito de coco confronté à de graves difficultés


La situation de Roman Dorléan va de mal en pis, puisqu’il n’a reçu aucune gratification du soi-disant manager, d’après les déclarations de celui-là.  Considérant les dispositions légales prises par la République dominicaine vis-à-vis des Dominicains de descendance haïtienne et des haïtiens vivant au pays voisin, Roman Dorléan, privé de statut légal au pays d’accueil,  risque d’être déporté sous peu vers Haïti.. C’est une disposition qui sera adoptée pour empêcher que l’auteur de Palito de Coco prenne des actions légales contre le manager.

M. Peña déclare qu’il va lui-même traduire Roman Dorléan en justice pour des déclarations que celui-ci a faites, à travers un interprète,  à l'émission télévisée « La Super Revista » qu'anime Domingo Bautista, l’accusant d’avoir fait main mise sur tout ce qui devrait lui revenir de droit. Pourtant, Roman Dorléan n’a même pas un « adoken » pour manger, voire de quoi payer les services d’un avocat ou les frais de dédommagements.  Beaucoup de Dominicains et même des Haïtiens se moquent de Roman Dorléan en se basant sur la qualité de l’espagnol qu’il utilise comme langue de communication à travers son jingle Palito de Coco, qui n’est pas académique. L’usage de l’argot (slang-langage / le jargon des rues)  s’observe chaque jour dans la musique hip - hop / rap américaine et le monde ne se montre pas aussi sévère envers les chanteurs hip-hop / les rappeurs.  

L’interprétation et la diffusion de Palito de coco, à travers les stations de radio / de télévision en République Dominicaine et dans le monde, devraient lui valoir des royalties et allocations, aussi petits que ces bénéfices puissent être. Le jeudi 7 novembre 2013 à 4 h 30 p.m., j’ai personnellement surpris la station de radio WSKQ, émettant sur la fréquence 97.9 FM à New York, diffusant Palito de Coco dans son intégralité. La diffusion a été suivie de commentaires positifs, et le personnel de la radio se réjouissait. N’est-ce pas là un signe confirmant la transcendance de Palito de coco? Tout le monde parle de Palito de Coco sans vraiment considérer le côté légal touchant les bénéfices qui reviennent de droit à Roman Dorléan, le créateur de l’œuvre.

À qui la faute?

Il faut dire que c’est Oliver Peña qui avait permis de découvrir Roman Dorléan.  On devait s’attendre à une volte-face du manager puisque le vendeur de Palito de coco, devenu chanteur, ne comprend pas les règles du jeu concernant le business légal de la musique. L’on se demande aussi si l’ex-manager avait les qualités que requiert ce titre. N’était-il pas à son coup d’essai ? Cela ne laisse point de doute quand on constate que la création musicale de l’Haïtien n’a pas été copyrightée. Telles auraient dû être les premières démarches du manager. Roman Dorléan n’a aucun droit d’auteur lui permettant de bénéficier des redevances que stipule la loi.
 
Il ne faut pas trop blâmer le manager. Le créateur de Palito de Coco gérait plutôt le vedettariat que lui avait octroyé le jingle. Son entourage a changé le décor de son univers pour mieux exploiter son talent et bénéficier du succès de Palito de coco. On lui fait porter des lunettes noires et on le rhabille, lui donnant l’apparence d’une vraie super étoile. Ses sens physiques l’ont grandement trompé. De jolies dames s’alignaient à la file indienne pour obtenir son autographe. Cela suffit pour que le vendeur devenu chanteur fasse confiance à son entourage dominicain, sans réserve.  Il ne comprend rien de rien.

D’après les déclarations d’Oliver Peña, Roman Dorléan était logé, nourri et blanchi. Aujourd’hui, le « chanteur haïtien » est sans abri. Il déclare qu’il n’a jamais reçu un sou de l’ex-manager, qui dit avoir eu 150 offres de contrats  / prestations un peu partout, y compris aux Etats-Unis. Peña lui avait aussi promis d’entrer à un studio d’enregistrement à New York pour enregistrer et produire un CD de Palito de coco. Le nouveau chanteur a déclaré qu’il crève de faim et il se dit complètement fauché. L’artiste faisait croire que ses avocats s’occupaient de toutes ses affaires légales, incluant la régulation de son statut en territoire voisin, d’après ce que lui avait confié le manager. Belle promesse vide! 

Roman Dorléan « Palito de coco » entre deux mondes inconnus

L’histoire de Palito de coco est connue de tous les Dominicains. Il y en a parmi eux qui supportent les revendications du vendeur-chanteur de Palito de coco et dénoncent l’injustice dont l’Haïtien est victime. Pourtant, d’autres veulent qu’il soit déporté au plus vite. D’autres encore, pour justifier leur position contre Roman Dorléan « Palito de coco », soutiennent qu’il n’y a rien d’anormal si les Dominicains interprètent son jingle puisque certains orchestres haïtiens interprètent les chansons dominicaines sans autorisation. Ils soulignent aussi le fait que certaines stations de radio en Haïti diffusent de la musique dominicaine sans respecter les droits d’auteur  de ces artistes dominicains. Certains mécontents dominicains arrivent même à qualifier d’ingrats tous les Haïtiens. Ce ne sont que des points de vue de quelques citoyens dominicains, utilisés pour essayer de nous faire réagir sur un fait sans fondement, donc injustifiable. 

Qu’en disent les organisations / les sociétés établies en Haïti préposées à la défense des droits d’auteur et de la protection de la propriété intellectuelle des artistes / écrivains haïtiens ? Puisque le créateur de Palito de coco n’a ni manager, ni promoteur aujourd’hui, le champ est libre aux pirates, toutes catégories confondues. Les sociétés haïtiennes de défense des droits d’auteur doivent prendre les choses en main pour aider le compatriote avant qu’un autre « vecino » intervienne et accapare ses droits. Elles doivent relever ce défi et prouver leur crédibilité. Le chanteur-député Gracia Delva, responsable de la section culturelle au Parlement haïtien, doit prouver sa compétence en aidant à trouver une solution à la crise que confronte Roman Dorléan « Palito de coco », qui est un Haïtien pure essence, nèg Nago nèg Dahomey comme nous.

Roman doit copyrighter son œuvre et s’inscrire aussi à la SACEM pour devenir membre de cette société qui s’occupe des droits d’auteur à l’échelle internationale, depuis des décades.  SACEM veut dire Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique. J’ose croire que l’auteur du jingle Palito de Coco pourra rebondir s’il trouve quelqu’un capable de le guider dans la bonne direction.  Le succès de Palito de coco de Roman Dorléan ne profite qu’aux voisins dominicains, particulièrement aux orchestres qui l’interprètent.  C’est dans le malheur qu’on reconnait les vrais patriotes. L’Haïtien doit aider son compatriote, sans considération de classe, de sexe, de couleur, d’appartenance religieuse ou politique. L’Union fait la force. J’y crois !

robertnoel22@yahoo.com
 
Source : radiotelevisioncaraibes.com

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